samedi 13 septembre 2014

En route! De Crissier à Lourdes

Et voilà ! C’est reparti ! Dix ans après notre retour de voyage à vélo, on reprend la route, avec deux paires de mollets en plus, un embourgeoisement certain si l’on en juge la peine que nous avons eu à nous détacher de tous les biens matériels accumulés durant ces dernières années, un bus dépassant donc largement les 3,5 tonnes requises, quelques rides en plus et une forme physique amoindrie… mais la même fébrilité à l’idée de partir à nouveau sur les routes, de casser le rythme, de prendre le temps, simplement. Le temps de vivre, de découvrir, de flâner, sans contraintes ni obligations. 


Lundi soir 18 août, 21 heures. 
Après avoir terminé les rangements, ménage et chargement sur les chapeaux de roue, et fêté les 11 ans de Julie et Emilie, nous prenons la route. Cap sur le midi de la France, avec une première pause chez Rosette et François, nos amis de Mondragon rencontrés il y a 14 ans sur le GR 20, en Corse. Une seule nuit dans notre nouvelle maison mobile… avant de réintégrer déjà un lit spacieux et confortable. Un séjour ponctué d’apéros pastis-vin de sureau et de conseils précieux de la part de camping-caristes accomplis.

Forêt de Païolive 





A Mondragon
Et c’est reparti! Pour de vrai, cette fois, avec un espace de vie restreint à l’intérieur mais gigantesque à l’extérieur, beaucoup d’enthousiasme et de curiosité, nos toutes premières expériences... et notre premier repas à bord, raisonnable, frugal, à la limite de l'acceptable sachant qu'on est en train de fêter l'anniversaire d'Yvan ce soir-là. C'est que nos foies, estomacs et pancréas ont été mis à rude épreuve ces dernières semaines, et qu'il va nous falloir du temps pour tuer toutes ces toxines!



La Camargue.
Un horizon piqué de taches roses, un crépuscule chargé de bruissements d’ailes et de cris de rassemblement, la vase des étangs brassée par une foule d’échassiers venus y passer la nuit. Des balades enivrantes au coucher du soleil, nous rappelant les steppes d’Hortobaji en Hongrie, ou les vastes parcs nationaux indiens… de quoi apaiser la soif ornithologique d’Yvan.
Et notre premier cambriolage. Une vitre fendue, forcée au pied de biche, des couchettes sens dessus-dessous, toutes les armoires et tiroirs béants… Mais tout y est. Ouf !

Parc ornithologique de l'étang de Gau


Héron cendré


Héron gardeboeuf

Aigrette garzette


Ragondin
Saintes-Maries-de-la-mer

  





En route pour le Phare de la Gacholle



















Nous poursuivons sur la côte, avec de courtes étapes balnéaires à Narbonne-plage et Ste-Marie-plage. Un début tranquille, qui permet à chacun de trouver ses marques, prendre le rythme.
Une fois acceptés les petits désagréments du quotidien (se cogner à l'autre à chaque fois qu'on fait un pas, la vie avec son conjoint-e 24h sur 24 avec tous les petits défauts qu'on suspectait à peine quand on ne faisait que se croiser et qui maintenant s'enflamment sous les feux des projecteurs, nos odeurs qui brassent et se mélangent au fil des jours dans ces quelques mètres carrés,...) on prend réellement conscience du cadeau qu'on est en train de s'offrir. Une parenthèse dans un quotidien passionnant mais souvent chargé et exigeant, à slalomer entre des plages de temps bien définies et soigneusement découpées. Et maintenant, ce même temps… immense, devant nous.

Narbonne-Plage









Sainte Marie Plage




Le 29 août, nous quittons la mer et mettons le cap sur les Pyrénées. Une fraîcheur et un calme bienvenus après l’agitation de la côte, le sel, le sable, le soleil brûlant.
Les montagnes sont magnifiques, le soleil s’obstine à briller, et nous oblige à repousser notre rentrée scolaire, que nous pensions calquer sur celle de la France.
Les nuits aux départs des randos se font plus fraîches, le thermomètre n'affiche déjà plus que 12 degrés le matin au réveil, dans le bus.
Les premières marches mettent à rude épreuve nos mollets ramollis par un été peu actif passé à remuer poussière et cartons. Les Boums de Vénasque, à la frontière espagnole, nous enchantent, deux petits lacs de montagne bucoliques qui s’offrent à nous après une montée exigeante. La Brèche de Roland, plus au nord, dans l’imposant Cirque de Gavarnie, nous emmène dans un environnement alpin, pour la plus grande joie des filles qui ne se lassent pas d’escalader les rochers, avec l’agilité des isards, et de dévaler les névés, oubliant immédiatement le dénivelé et les six heures de rando que leurs petites jambes ont engrangées. La douleur est pour nous, qui sommes immanquablement confrontés à notre lent et immuable vieillissement, soufflant, suant derrière nos propres filles.




Boum de Vénasque




Lac d'Oo




Cirque de Gavarnie



Brèche de Rolland (2808m)
















Nous faisons une pause au bord du Lac de Loudenvielle pour fêter les 5 ans de Loïse, le 2 septembre. Nous tentons un gâteau d’anniversaire au chocolat, dans la casserole « antique » qui nous a été gentiment prêtée par le fournier de Crissier, qui nous assure y avoir savouré les meilleurs gâteaux de son enfance. Le résultat est inespéré ! Chic ! Un four, donc plein de gâteaux, de cakes, de soufflés, clafoutis et gratins, nous permettant de varier les plats et sortir de la cusine basique qu’offre le camping-car.
Une belle balade à vélo, deux trois brasses lascives, une détente revigorante dans les bulles des Bains de Loudenvielle, et enfin quelques pas de grimpe sur un gros rocher, pour l’anniversaire de Loïse.










Trois mois… euh, 3 semaines après notre départ, nous voici pausés dans un petit camping simple mais extrêmement sympathique, à Lourdes. Une pause lessive nécessaire. Egalement l’opportunité d’avoir une connexion wi-fi, trier les premières photos et lancer le blog. Les filles sont enchantées, moins de marches, plus de jeux… Et surtout, elles viennent d’intégrer leur nouvelle classe, le lundi 8 septembre, 1H pour Loïse et 4H pour Zoé, à l’ombre d’un grand chêne, avec pour fond sonore le chant du pic vert. Une salle de classe qui ne stimule pas réellement la concentration, mais qui enchante nos élèves, une cour de récré gigantesque. Beaucoup de sport et de cuisine, un peu de musique, un peu d’écrit, un peu de programme puisque nous sommes au calme et posés, avant de poursuivre sous une forme plus ludique durant les trajets... les virages, routes chaotiques et culs de poule ne permettant pas de rendre un travail écrit convenable. Le quotidien se chargera du reste, immersion dans la nature et la culture des régions traversées. En plus du bonheur de la découverte, celui de faire l’école au plus prêt de nos convictions et de notre conscience... Avec un avantage : celui de donner un rythme au voyage, des repères et un cadre sécurisant aux filles. Espérons juste que le soleil, de temps en temps, nous fasse la fleur d’arrêter de briller, pour nous permettre d’être plus assidus à la tâche.









Entre les lessives, l’école et le tri des photos, nous visitons la ville, à vélo, découvrons avec les filles l’histoire de Bernadette de Lourdes (1844), qui vit apparaître à plusieurs reprises la Vierge Marie dans une grotte, y découvrant grâce à ses indications une source merveilleuse qui soulageait tous ceux qui s’y baignaient, et qui fit ériger en son nom un sanctuaire grandiose. Des milliers de plaques commémoratives, de la fin du XIXe à nos jours -messages de protection et remerciements pour guérison- ornent les murs du sanctuaire. Un brassage de cultures et une ferveur religieuse impressionnantes soufflent sur ces lieux alors que circulent des centaines de pèlerins malades ou handicapés, en quête de guérison.

Basilique Imaculée Conception, Lourdes
Mosaïques gigantesques



                                         

                                          

Le soleil continue de briller, l’été indien semble s’être installé. La route se poursuit à l’ouest des Pyrénées. Cap sur l’Espagne !