vendredi 24 avril 2015

Grèce centrale

Yasas!

Nous retrouvons un Caracol bien reposé et délicieusement humide au Pirée, gagné par une  moisissure noire vert de gris. Il ne nous faut pas moins d'une heure  pour récupérer le frigo et la salle de bains.

La pluie, qui tombe sur le Pirée depuis plusieurs jours, nous accompagne cet après-midi là sur le continent, inondant les champs et transformant les routes en torrent. Bienheureuses îles, qui nous ont permis d'échapper à une triste semaine de déluge.
Bivouac sur le tard à Arahova, petite station de ski aux trottoirs encombrés de skis, surfs et luges... presque incongru alors qu'à quelques kilomètres de là, le canal de Corinthe étend ses bras entre les deux mers.

Delphes

Delphes, sur les flancs du mont Parnasse, qui domine les oliveraies et le golf de Corinthe.
Delphes, que les Grecs de l'Antiquité considéraient comme le "nombril du monde", les deux aigles lâchés par Zeus de deux points opposés le désignant comme tel en se rejoignant au-dessus du site.
Delphes, considéré, parmi tous les lieux antiques, comme  celui où l'"esprit" souffle le plus.

La magie de Delphes opère. Les nuages se déchirent, le soleil inonde le site, le temps pour nous de flâner et de nous pénétrer des lieux. La "Tholos" d'Athéna Pronaia, magnifique temple rond aux colonnes de marbre bien conservées, le sanctuaire d'Apollon, considéré comme le siège de l'oracle, où l'on venait des quatre coins de la Méditerranée pour entendre les paroles du dieu Apollon transmises par la Pythie.
Mythologie et histoire s'y rejoignent. Citoyens, riches hommes d'affaire et rois y venaient consulter la Pythie, tout comme Hercule, qui reçut l'ordre de mener à bien les douze travaux du roi Eurystide pour expier sa faute (le meurtre de ses trois fils) et recevoir le pardon des dieux, ou Œdipe, qui accomplissant la prophétie de l'oracle de Delphes, tuera son père et épousera sa mère sans le savoir.
L'environnement est aussi spectaculaire que les vestiges chargés du riche passé dont ils sont imprégnés.
Le musée nous séduit. Zoé et Loïse sont particulièrement éblouies par le gigantesque sphynx ailé, sculpté dans le marbre de Naxos.







En route pour la Péninsule du Pélion, petit bout de terre retiré qui nous attire indéniablement.
Nous nous enfonçons au cœur de la nuit dans la douceur des chants liturgiques orthodoxes.... et ce sont encore les nostalgiques mélopées d'un pope qui nous accompagnent au réveil, alors que nous bivouaquons devant une église, dans un petit village de montagne.

Péninsule du Pélion.

« La région jouit d’une tradition culinaire ancienne qui fait la part belle aux herbes aromatiques de la montagne. » L.Planet
Il n'en fallait pas plus pour nous mettre l'eau à la bouche.
Univers des centaures, créatures mi-hommes mi-chevaux à la mentalité barbare.
Monde de contrastes, avec ses falaises abruptes plongeant dans la mer, ses montagnes peu habitées plantées de chênes, châtaigniers, noyers, hêtres, eucalyptus, ses flancs piqués d'oliviers sauvages, son centre tissé de terres à la végétation luxuriante et aux vergers centenaires.
Univers savoureux où les psalmodies des vendeurs ambulants rythment encore la journée, entraînant derrière eux fruits et légumes de toute fraîcheur. Tandis que les dames du village vendent sur le pas de porte d'excellentes confitures artisanales, des herbes séchées et du miel. La marmelade à la châtaigne et aux mûres du hameau de Mouressi invitent à des petits déjeuners interminables... Les pâtes du sympathique et très généreux petit artisan de Zagora, qui nous convie gentiment à visiter son minuscule atelier, se suffisent à elles-mêmes tellement elles sont extraordinaires, et ne supportent aucune invasion étrangère, ni tomate, ni olives, ni pesto. Aux orties, aux tomates, aux épinards ou nature, elles sont tout simplement divines!

Chaque village a son platane, parfois pluri-centenaire, toujours gigantesque, planté fièrement sur une place paisible que ceinturent de coquettes maisonnettes de pierre. Les cheminées fument, une odeur de feu de bois couvre la montagne.

Le printemps, décidément, peine à venir.
Le premier soir, au crépuscule, nous butons, au col jouxtant la mini-station de ski du Mont Plassidi, sur une route totalement bloquée par la neige. Une fois de plus, c'est la route qui nous mène et qui nous catapulte du coup dans un autre vallon.
Un froid vif nous accompagne le lendemain en promenade. Un temps de raclette à bout de branche, sur fond de vergers, châtaigniers et noisetiers pas même "embourgeonnés". Les forêts sont encore branchées hiver. Nos rêves de baignade et morceaux de printemps en fleur éclatent. Seul le chant des mésanges, des rouge-gorge, des fauvettes et des merles nous rappelle qu'il n'est pas loin. Conforté par le ballet céleste des milans et éperviers en migration.

Agio Ioanis

 



Enfin, il nous rattrape! Celui que l'on attendait depuis le mois de novembre, depuis les premières gelées de Grenade, celui qui nous paraissait tellement évident et gagné d'avance au sud de la Méditerranée qu'il nous faisait dire "qu'on n'allait tout-de-même pas s'équiper hiver pour les deux trois petites semaines de froid qu'il nous fallait traverser". Le printemps!
La forêt est toujours aussi décharnée mais ça et là pointent les premiers cerisiers et pommiers en fleurs, les magnolias, resplendissants. Et surtout un air chaud, agréable, chargé des mille et une senteurs de la belle saison. 
La balade entre Xourichti et Miliès est splendide. Maisonnettes aux toits de lauze, sentiers labourés par des hordes de sangliers, forêt ancestrale aux arbres imposants, cascades vert mousse, pour finir par une descente avec vue plongeante sur la mer et le village de Miliès. Et toujours cette nature à cheval entre mont et mer qui nous enchante depuis le début du voyage, où s'entremêlent odeurs de feux de bois et de poisson, forêts dense et maquis, montagnards et pêcheurs, ragoût de lapin, agneau rôti et daurade ou calamars frits.
Une gigantesque place de jeux réjouit les filles, tandis que nous savourons le "tyropsomo" ( pain au fromage) et l'"eliopsomo" (pain aux olives), les spécialités de la région.
Le bus du retour n'existe pas. Stop. Les voitures sont rares, mais c'est heureusement en Land Rover et non à dos d'âne qu'Yvan regagnera finalement Xourichti. En compagnie d'un couple de sympathiques instituteurs grecs, qui à 13h30 quittent les 14 et 17 élèves de leur classe villageoise respective.... à quatre niveaux soit dit en passant. Les élèves ont tout l'après-midi pour eux. Quelle chance!

Xourichti




Miliès

Vyzitsa


Les journées défilent à une vitesse vertigineuse sur cette Péninsule de toute beauté, qui séduit avant tout par l'atmosphère chaleureuse et paisible que dégagent les villages de montagne isolés, mêlée de pans de vie simple et d'odeurs de bois et de printemps.... Bien-être et charme irrésistible.

Balade méditerranéenne et pique-nique à l'ombre des oliviers à Damouhari, jeux de galets et eaux turquoises un jour, folle partie de luge sur les pistes fermées de l'unique station de ski de la péninsule le lendemain, à quelques kilomètre de là.









 


Zagora








Makrinitsa

Trois marches pour accéder à la plage, le bruit des vagues qui nous berce au coucher, une mer où s'ébattent des dauphins qu'on ne verra pas, un village de pêcheurs à dix minutes pour l'apéro...
Un camping et une journée tranquille, des jeux, un gâteau, et une crêpe-party le soir... C'est ce que souhaitait Zoé pour fêter ses 8 ans. L'endroit est idyllique, les gens très accueillants. A tel point que nous y restons pour les fêtes de Pâques. 
Les journées passent à bricoler, décorer et rouler les œufs, à essayer plein de nouvelles recettes de gâteaux, à tresser la pâte pour le petit déjeuner de Pâques. Moins idylliquement, à poncer le bus colonisé par les moisissures du Pirée, insinuées bien plus en profondeur qu'on n'avait imaginé, à changer draps et duvets, à étendre comme l'araignée sa toile, nos quatre machines, qui délimitent notre territoire que personne ne songe à nous prendre puisque nous sommes seuls. 

Camping Sikia, Kala Nera











Le camping Sikia est également un agréable pied-à-terre pour flâner dans les villages environnants et découvrir la gastronomie locale...

Vyzitsa

Pinakates


... ou randonner sur les multiples sentiers nature de l'île.

Milina






Le lapin de Pâques est même passé en Grèce!


La Péninsule pourrait nous retenir encore longtemps, tellement elle est belle. Mais l'appel du large retentit aussi. Tenaillés entre l'envie de nous poser et le désir de découvrir encore, de mettre des images sur les noms illisibles et vides de sens imprimés sur la carte. Et de plonger dans celles qu'on a déjà glanées de ci de là.


Les Météores

Comment exprimer en quelques mots toute la beauté des Météores, nimbées de sainteté, d'effluves printanières et de nature en effervescence....
Dès l'arrivée, nous sommes éblouis par ce relief lunaire. Une forêt de pitons s'élevant dans le jour finissant, piquée de minuscules silhouettes accrochées à leur fil, à laquelle se mêle une symphonie de cloches jaillissant de toutes parts, dégringolant des monastères perchés sur les rochers, des ermitages esseulés et montant des églises du village.


L'été arrive avec la Pâques orthodoxe, le vendredi 10 avril. Les balades s'enchaînent entre les haies violettes de géraniums sauvages parfumant les sentiers, dans les forêts entremêlées d'arbres tourmentés et de géants de pierre, gigantesques pitons nous renvoyant l'image de notre infinie petitesse. 
Piques-niques panoramiques dans une douce quiétude, brisée, par le déhanchement langoureux des tortues qui se déplacent bruyamment dans les branchages et feuilles mortes. Le plus souvent d'Hermann, parfois grecques, mais toujours fidèles à leur allure préhistorique. Infiniment apaisantes dans leur lenteur. Tous les jours on croise leur chemin.

Les journées passent vite, trop vite, une fois de plus on pedze. Apéros-couchers de soleil sur les rochers, escalade, visites des monastères au cœur des randos, le plus souvent randos-aventures, de celles qui enthousiasment Zoé et Loïse. Sans carte, et déboussolés par les innombrables bouts de sentes qui mènent aux voie de grimpe, on se perd comme jamais, on atterrit sur des pics majestueux en fin de journée, au panorama grandiose mais sans issue. Les rebrousse-chemin de tout poils nous mènent souvent fourbus à notre petite maison, bien après le coucher du soleil. Ils nous font découvrir en revanche des sites insolites, comme ces gorges humides et fantasmagoriques qui ne doivent pas voir souvent le soleil, de ces gorges où la soudaine apparition de dinosaures nous troublerait à peine... Où le ballet incessant des cigognes noires nichant haut dans la falaise tient en haleine.

Sur les sentiers des monastères de Nikolaos Anpafas, Varlaam et des Grandes Météores, en passant par le marché de Kalambaka.

Kalambaka

Agios Nikolaos Anapafas

Au loin, le monastère Roussanou

Varlaam








Grandes Météores

Kastraki-Agion Pnevma.... et le "rebrousse-chemin" du vallon fantasmagorique de Modestos.


Kastraki





 





 













Kastraki-piton Adrachti... et un nouveau sentier sans issue. Apéro-coucher de soleil.




Appel à la prière...
 
















Samedi 11 avril. La fête se prépare. D'immenses barbecues ornent les jardins et terrasses des villageois, autant de pics destinés à accueillir l'agneau de Pâques.
Dimanche de Pâques, à l'aube, d'irrésistibles fumets s'insinuent dans nos rêves à demi-éveillés et nous tirent du lit.
Partie de grimpe sur les rochers environnants, que Zoé et Loïse nous réclament depuis notre arrivée aux Météores.







Puis l'agneau tant attendu. Il est 17 heures. Ici, il n'y pas d'heure pour manger. Le troisième agneau est cuit à point lorsque nous arrivons. On le paie au poids. Et on prend ce qui vient. Heureusement pas la tête aux dents figées sur leur dernier cri, mais une jolie patte et son épaule bien dodue. Il fond sous la langue. Accompagné d'une salade grecque et de pommes frites maison, en cette chaude fin d'après-midi, il est parfait.
La journée se termine sur une nouvelle grimpette, dans la fraîcheur agréable du soir.










Kastraki-Agios Panagia-Kalambaka-Monastère Trias et retour par le vallon de Paleokranies.


Agio Panagia


Kalambaka







Et déjà le départ, après une dernière grimpette sur les rochers de Douriani.



On quitte la douce chaleur des Météores pour la chaîne du Pindos.
Un couple d'Athéniens rencontré au camping nous parle de cette région avec tant de passion que ça tombe soudain sous le sens. Ça y est, c'est parti! Une fois de plus, la route se fait et se défait, au détour des conversations...
Au passage, bivouac à Metsovo, La Brévine grecque, que nous avons appris à connaître sur le bulletin météo, à travers ses records de froid. Célèbre aussi pour ses excellents fromages.... avec un coup de cœur tout particulier pour son petit "fumé".

Metsovo

Nous pensions avoir vu le bout du monde dans le Péloponnèse. Avoir visité les villages les plus isolés et pittoresques qui soient dans la Péninsule du Pélion. Que dire des montagnes du Pindos et de ses villages? Des vallons forestiers à perte de vue, extrêmement sauvages, le seul endroit de Grèce où cohabitent encore le loup, le chacal et l'ours. De rares villages. Certains paraissent totalement abandonnés, n'était la fumée sortant d'une cheminée et s'effilochant dans la brise du soir, ou les deux poules caquetant et trois chèvres bêlant trahissant une présence humaine. 
De magnifiques ponts de pierre égaient la route.


Le splendide étang de Greveniti grouillant de vie aquatique nous retient au passage. 





Vovoussa. Pas même indiqué sur la carte. Coupé du monde en hiver. La route douteuse qui y mène est tellement longue, affaissée et gâtée par les crues et les éboulements qu'on pense ne jamais arriver et qu'à chaque virage on se croit définitivement perdu. Un monde isolé hors du temps et hors des lois. Ici, on roule sans plaques, dans des voitures dont les pièces tiennent tout juste ensemble, et avant même de voir pousser ses premier poils de barbe.
Vovoussa. Un magnifique pont de pierre. Une trentaine d'habitants. Deux enfants dans le village, deux élèves, un frère et sa sœur, dans la petite école de pierre. Soirée mémorable dans l'unique taverne du hameau, dans les fumets des souvlakis, salades grecques, vin maison, sur fond de musique grecque et danse pleine de nostalgie. Avec une bande de joyeux lurons de retour dans leur village natal, pour les vacances de Pâques.
Retour dans le temps... et dans les souvenirs d'enfance.
Au réveil, on renoue avec la réalité... et le gel. Cinq degrés dans le bus, qui nous font hésiter à émerger de la couette.

L'école de Vovoussa






Belle balade le long du fleuve Aoos, gonflé par la fonte des neiges, dans la Vallée des Ours. Il paraît qu'ils pullulent dans la région. Un vallon splendide, délicieusement sauvage, qui prend des airs de grand nord canadien. Encore une balade-aventure pour le plus grand bonheur des filles. L'hiver pluvieux à fait déborder les rivières qui empruntent les chemins. Passages à guet dans des eaux glacées qui torturent nos mollets, sentiers emportés qui nous obligent à quelques acrobaties.... pour finalement disparaître totalement dans les flots. La balade tourne court, après quelques heures. Des traces fraîches de chacal dans notre imaginaire plein d'attentes nous surprennent au retour, une vipère croise le chemin de Loïse qui était à deux doigts de marcher dessus, mais l'ours reste décidément bien caché.


Valla Caldia-Vallée des Ours



De l'autre côté de la vertigineuse faille qui sépare le parc national du Pindos en deux, les gorges de Vikos, qui se targuent d'être les plus profondes du monde avec leurs neuf cent mètres de vertiges, fleurissent les villages du centre Zagoria. Magnolias et fruitiers en fleurs embaument les hameaux, tandis que les arbres alentours, hêtres, chênes et arbustes du maquis, peinent encore à sortir de l'hiver.

Kapesovo. Magnifique village, agréable nuit couverte par le joli chant, répétitif du Petit-Duc, "comme un camion qui recule" dans l'imaginaire romantique de Loïse.
Jolie boucle le lendemain parmi de vieux chênes pluri-centenaires, secs et tourmentés, jusqu'à un point de vue grandiose sur les gorges de Vikos. 
L'été à nos trousses. 
Les Cyrcaètes Jean-le-Blanc au-dessus de nos têtes pour nous rappeler la présence sifflante et susurrante des vipères sous les cailloux.

Kapesovo





Gorges de Vikos



Le nord du parc du Pindos nous enchante. Mikro Papigo, minuscule village et sa poignée d'habitants. Les maisonnettes aux toits de lauze sont d'une beauté époustouflante dans ce cadre montagneux. Les fameuses "Tours de Papigo" dominent le hameau, les ruelles sentent le bouc et le feu de bois, les coqs s'égosillent. Un pied à terre de rêve pour découvrir les lieux à pied.

Mikro Papingo


Belle balade qui nous mène au refuge Astrako au terme de mille mètres d'une grimpette exigeante, passant des grosses suées aux non moins grosses gelées, de l'air chaud et épais à la tourmente balayant les crêtes, des vertes prairies aux névés. Magnifique, grandiose, seuls au monde comme d'habitude.... Immensité silencieuse, troublée seulement par l'envol froufroutant des perdrix bartavelles. Pique-nique paisible au pied du Mont Astraki, au faîte du Drakolimni ... le lac du Dragon. Rêves d'alpinisme et de peau de phoque devant ces couloirs et cette roche...


  















Mikro Papigo. Un cadre de rêve pour l'apéro de nos seize ans. Une pite à l'épinard et à la féta succulente qui nous poursuivra encore longtemps.


Le lendemain, journée de repos sur le sentier châtouillant les flancs des "Tours d'Astraki", jusqu'à un promontoire herbeux dominant la vallée, piqué d'une petite chapelle-autel, comme on en voit tant en Grèce, où se consume une bougie. Lentement.






Mikro Papigo. Toujours le même cadre de rêve pour le repas de nos seize ans, dimanche à seize heures, dans la même taverne, unique dans tous les sens du terme, à la simple mais excellente cuisine familiale de montagne. Ça faisait longtemps qu'on rêvait d'un véritable mayirefta, désignant les plats familiaux cuits à la casserole, mijotés "comme à la maison", souvent inexistants à cette période de l'année, les souvlakis et autres grillades étant plus faciles à gérer hors-saison, lorsque les visiteurs se font rares.
Kokkinista, délicieux râgout aux tomates et aux oignons, porc à l'origan et à l'oignon confit, excellents keftas aux herbes des montagnes et petits oignons, pites au fromage, traditionnelle salade de tomates ( tomates, concombres, petits poivrons verts et oignons, dans un bain d'huile d'olive), le tout sous les Tours majestueuses d'Astraka, avec vue sur les charmants toits de lauze. Que souhaiter de plus?



Une balade digestive dans des petites gorges joliment sculptées par la rivière.

Courses-poursuites excitées dans les vasques naturelles et toboggans aqueux à la poursuite de branches-bateaux dégringolant le mini-canyon, devenant piscine naturelle en été, lorsque s'abaisse la tôle du barrage. Deux mois trop tôt pour nous.




Megalo Papingo




Rarement rentrés à la maison avant vingt heures, le soleil décidément trop lumineux et chaud.... les rythmes plus que jamais s'effilochent, les bonnes volontés à faire moins tard s'effritent.

Le temps passe, comment enfiler les incontournables qu'il nous reste, dans ces trois petits mois, sans même pouvoir s'asseoir dessus pour les boucler!
C'est le moment de quitter les lieux.

Petit détour par Monodendro, pour plonger une dernière fois notre regard dans les presque mille mètres de vide des Gorges de Vikos.
On y retrouve le petit frisson qui nous faisait vibrer à Andujar, dans l'attente du lynx, alors qu'empreintes et pierres retournées nous disent que l'ours n'est pas loin.

Gorges de Vikos




Plus que jamais, il nous est difficile de quitter la Grèce. On y reviendra rapidement avant de gagner la Turquie, mais l'aventure est bel et bien finie.
Nostalgie. Un pays magnifique, à l'histoire très riche, peuplée de mythes enchanteurs, à la nature sauvage, intacte, aux villages isolés encore suspendus dans le temps et figés dans des traditions ancestrales, mêlés aux villes trépidantes et fougueuses, à la population fière et à l'identité forte, ouverte sur les autres, avec un sens de l'hospitalité magnifique. Un patchwork de tout ce qu'il y a de plus beau à voir, des caps et péninsules sauvages, aux criques isolées aux eaux cristallines, aux montagnes et vastes parcs nationaux regorgeant de faune et flore endémiques, en passant par des îles enchanteresses aux influences méditerranéennes ou orientales suivant leur position...
Espérons vivement que la passion et la fougue des gens continuera de tirer la société grecque vers l'avant, malgré le tumulte économique actuel... 


Et dans les divers...


Les "kafeino", bastions de la vie grecque, ne désemplissent pas. Le café grec ou glacé servi dans de grands verres est une véritable religion.
La nourriture en Grèce est simple, nourrissante et tellement savoureuse qu'on n'y résiste pas. À base de produits frais et locaux, elle porte les richesses de chaque région et nous fait voyager autant que Caracol. Conviviale, elle traduit à merveille la mentalité grecque. Grillades, plats mijotés ou au four, salades et mezzés, tout se partage. Souvent, une salade et un ou deux plats suffisent à nourrir une famille qui plus est, est gourmande et bonne mangeuse. La carafe d'eau et les verres atterrissent d'office sur la table, aussi rafraîchissants qu'un "bienvenue" amical!

L'hospitalité grecque n'est pas un vain mot. La chaleur des rencontres, un pichet de vin que nous offre un client à la taverne, un dessert par le restaurateur, un paquet de pâtes par l'artisan du village, les cadeaux pleuvent, que ce soit dans les commerces, ou lors des rencontres brèves et imprévues de bord de route. On repart souvent avec un gâteau, des pains, une friandise.

Malgré toute notre bonne volonté, impossible d'entrer discrètement dans un village. Avant même de réaliser que nous approchons d'une zone habitée, nous voilà accueillis par un concert d'aboiements, de caquètements et de gloussements.

Nous sommes de plus en plus "arythmiques". Ça fait un mois que nous essayons vainement de changer le rythme et de nous calquer sur la nouvelle heure. En vain! On se surprend à pique-niquer à 16 heures, on soupe rarement avant 21 heures. C'est qu'il fait trop beau, et que les journées à rallonge nous déboussolent. À quoi bon s'obstiner?

Les saisons, elles aussi, sont toutes déboussolées. Dans le Pélion, on a dû prendre six jours de beau sur les dix qui ont vu briller franchement le soleil depuis le début de l'année, selon les villageois. Un hiver rude et pluvieux qui laisse les gens abattus, à force de peindre, repeindre et poncer leurs terrasses et mobiliers gonflés par l'humidité, en vue de la belle saison à venir.
Nous avons eu un magnifique temps jusqu'à Pâques, un court épisode pluvieux, puis un printemps à l'allure d'été aux Météores et dans le Pindos. C'est un temps de juillet qui se développe et nous accompagne désormais. 32 degrés alors que nous quittions les Météores.


Caracol s'est senti comme neuf, une fois décrassé. Nous aussi. Jusqu'à cette odeur, persistante, terriblement nauséabonde, qui nous a intoxiqués une bonne dizaine de jours avant de s'estomper très gentiment. Elle est toujours présente, mais supportable. Nous n'avons en aucun cas élucidé le mystère, bien qu'ayant scrupuleusement vidé les armoires de la zone sinistrée. Nous pensons à un quelconque cadavre dans un quelconque tuyau, probablement celui du chauffage qui a une entrée extérieure. A l'heure qu'il est, il doit être joliment desséché.
Au même chapitre, le frigo à décidé de rendre l'âme à peu près au moment où le mercure commençait à grimper pour atteindre les plus 30 degrés. Plus que jamais, les courses se feront au jour le jour.


La vie à quatre est toujours aussi enrichissante, avec les quelques coups de gueule inter-époux inévitables quand on vit 24 heures sur 24 les uns sur les autres. Mais rien de plus croustillant à déclarer...

Voyager avec les filles est un vrai bonheur. Joyeuses, enthousiastes et de belle humeur, on se régale...Tout ce temps ensemble, quel cadeau! Cela dit, on ne crachera pas sur un petit week-end à deux au retour!

Les filles apprennent à surmonter leur timidité pour entrer en contact avec des enfants qui ne parlent pas la même langue qu'elles. Une fois passés les premiers moments de gêne, les jeux et coloriages s'enchaînent. Le geste remplace le mot, à cet âge, il n'y a pas de barrières. Dommage cependant qu'elles attendent à chaque fois la veille de notre départ pour nouer les contacts, comme avec la petite Anna et Elisabeta, qu'elles n'ont déjà plus envie de quitter.



Albanie.
20 avril 2015. On passe la frontière. Insolite que de se retrouver soudain face à une douane.
Et de nouveau ce petit frisson, cette impatience devant l'inconnu, la perte totale des repères.
La nature coupée net. D'un côté, un océan d'arbres verts, blancs et roses dans le jour finissant. De l'autre, des flancs pelés piqués de villages, où se regroupent, tels des naufragés, quelques vergers.


Un petit vallon transversal nous emmène à travers une végétation soudain luxuriante au bord
de la mer, chez Linda et Aleksander, qui accueillent les visiteurs dans leur jardin. 
Un premier contact avec l'Albanie tout en douceur, histoire de se familiariser avec la langue, les Lek... et de nous plonger dans nos quelques contraintes mensuelles: lessive, tri de photos, blog.

Un premier contact magnifique avec ce pays que l'on connaît très peu, et qui est resté si longtemps fermé.
Grâce à Linda et Aleksander, et les superbes moments de partage sur les sombres années de dictature, leurs espoirs, leur art de vivre et toute la philosophie et la sagesse qui les enveloppe.

Un pays où, durant cette période trouble, il fait bon voir églises et mosquées, chrétiens et musulmans cohabiter...

Ça y est! Cette fois-ci, on entre véritablement dans l'ailleurs.