Entros mar e
serra....
Remplis de
bains d'écume bouillonnante, de plages jonchées de poissons échoués et de crépuscules
incendiaires, la balance penche, le déséquilibre s'installe... nous voici en
manque de montagne, de fraîcheur, de pierres et de verts.
Petite pause
dans le centre agréable de Viseu avant de gagner le pied de la Serra
d'Estrella. Les maisons blanches de Gouveia, adossées à la colline, nous
accueillent pour la nuit, sur un promontoire dominant la plaine, avec un soleil
las de se coucher, léchant négligemment la plaine avant d'échouer dans l'Océan
Viseu |
Gouveia |
Une route
sinueuse nous emmène sur les crêtes, immenses crânes dégarnis dont les rares
cheveux ont été brûlé par les incendies, légion dans la région. Les bergers édentés,
une demi-douzaine de chevrettes à leurs basques, confèrent rapidement à ce
paysage peu enthousiasmant charme et saveur.
Passé les crêtes
chauves, nous basculons dans une belle vallée glaciaire, la Vallée de la Zêzere,
plongeons directement sur la petite ville de Manteigas, étincelante de
blancheur dans le soleil du soir.
De la Serra
d'Estrella, la montagne des étoiles, nous garderons en mémoire les magnifiques
balades dans une nature sauvage, intacte.
Vale do
Rossim, superbe lac reposant dans son écrin de sphaignes vertes qui habillent
les berges de noir en se décomposant, se mêlant au rouge profond des algues et
rappelant l'Islande. Des rochers noirs sculptés par la fonte des anciens
glaciers plantés ça et là....
Vale do Rossim |
Porço del
Inferno, où pierres et plantes s'entremêlent, avant de nous faire échouer dans
une forêt de châtaigniers nous offrant plusieurs repas, pour nous mener, en fin
de balade, au pied d'une cascade généreuse...
Porço del Inferno |
La "beech
route", magnifique, entre points de vue sur la vallée, chapelles,
observatoires-incendies, forêt de hêtres... et surtout ses châtaigniers
centenaires aux fruits gigantesques. Des bergeries en ruine ou encore habitées,
trois poules, trois choux, un figuier, un cognassier et un pommier pour seuls
compagnons. Une balade-senteur au travers de bouquets de lavande, de romarin et
de menthe. Un milieu d'une beauté saisissante, ou plutôt pleine de charme,
n'ayant de spectaculaire que cet embrouillamini d'odeurs et de couleurs qui
chatouillent nos sens. Le tout dans une chaleur caniculaire.
Le plus haut sommet du Portugal, quant à lui, le Torre, rallongé par un obélisque pour atteindre les 2000 mètres n'a rien de séduisant. Plat, venteux, trois installations de ski gonflées de fierté se tordant dans le vent...
Torre |
Le jardin de rochers noirs érodés, sur la route du Torre, donnant sur une plateforme piquée de cairns géants nous retient plus longuement, le coucher du soleil y étant une fois de plus spectaculaire.
La petite
ville de Manteigas et sa place du marché a été notre camp de base pour la découverte
de cette région. Petit clin d'œil à Heidi et Jean-Claude, un couple
Lucerno-Vaudois d'Entlebuch que nous avons eu la chance de croiser dans la
ville, et avec qui nous avons partagé de chouettes moments d'échange
s'effilochant dans la nuit, autour d'un verre. Ils nous font rêver, eux qui ont
vendu leur chez-soi pour arpenter le monde depuis leur retraite, il y a deux
ans, de cela.
De la Serra
d'Estrella et de ses alentours, outre les balades, nous garderons encore en tête
l'atmosphère des petits villages agrippés à la colline, vieillissant avec leur
population, leurs femmes ridées belles dans leur âge, engoncées dans leur fichu
noir. Des villages sortis d'un autre temps....
Comme
Sabugueiro, plus haut village du Portugal, presque mort mais pas tout à fait,
les rires des enfants montant en cascade de la cour de l'école du village
redonnant vie à ces ruelles peuplées de dames en noir au sourire vieillissant.
Sabugueiro |
Et Piódào, en
bordure du parc, splendide village du bout du monde, relié à Foz d'Egua, hameau
aux ponts de pierre pittoresques par un sentier bucolique, longeant des flancs
de côteaux sculptés en terrasses, sur lesquelles souffle une petit air népalais.
Puis c'est à nouveau
la plaine, verte et vallonnée.
Une route
sinueuse dans la pénombre du soir. Caracol accroché aux phares du bus scolaire
crachant sur le trottoir des petites crevettes à couettes cachées derrière leur
cartable, la nuit qui tombe, les gens rassemblés, leurs traits animés sous le
halo des réverbères, les quartiers pleins de vie.
Avó, puis Barril
de Alva. Coup de cœur. Une aire pittoresque au bord de la rivière.
Le maire en
personne nous salue le lendemain matin, avec une jolie louche en bois sculptée
pour cadeau. Nous voulions rester une nuit, nous sommes finalement restés
quatre jours, la bouche pleine, les yeux remplis.
Baril de Alva |
Balades le
long de la rivière dans une forêt de mimosas, échanges sympathiques avec la fédération
de camping-caristes portugais rassemblés le weekend-end à Barril de Alva.
Marché villageois,
variations sur le thème du cochon, saucisses, filets, boudins et plus
encore, fanfare barillinaise s'époumonant
sur du Queen's, un chef d'orchestre factice imbibé d'alcool battant la mesure dans
l'ombre fâchée du vrai, la "Torrée", feu de joie autour de châtaignes
succulentes cuites selon la tradition. Festin des sens!
Et en prime,
de belles soirées avec une famille de français.... pas comme les autres, de
bleu! et presque Suisses. Valérie, Fred et Ted, sans oublier Lili, Titi et
Bibi. Un art de vivre, une belle philosophie...Une retraite à 50 ans et toute
la vie devant eux.
Difficile de
savoir, qui du cochon, du maire ou des français nous aura retenu le plus
longtemps. Toujours est-il que nous quittons Barril de Alva la tête pleine, armés
d'une liste exhaustive de superbes emplacements pour se poser la nuit.... et la
carte routière croûlant sous les nouveaux "incontournables" surgis au
détour des apéros. Nous qui venions de barrer x destinations sur notre carte,
histoire de bouster un peu Caracol et avancer!
C'est donc
vers l'Est que nous nous échappons, et non plein sud, comme prévu initialement.
Escapade à l'intérieur
des terres, descente au sud en zig-zag, tant pis, l'Algarve attendra, qui nous
regarde ricocher contre les frontières, terre et mer. Impossible d'ignorer
l'Alentejo et ses forêts d'écorchés, immenses étendues de chêne-liège et
d'oliviers, ses bergeries, ses vaches, ses cochons et ses chevrettes, ne
trompant personne sous ses faux airs de savane. Impossible de passer outre ces
vieilles pierres... Ruines, dolmens, mégalithes, châteaux, monastères, bourgs médiévaux
luisant de blancheur. Le tout dissimulé dans les broussaille ou juché sur les
collines.
Conimbriga,
cité romaine fondée par les Celtes, étape majeure sur la route reliant Lisbonne
à Braga, au Ier siècle. Conimbriga et ses mosaïques splendides et bien préservées.
Ruines romaines de Conimbriga |
La jolie ville
de Tomar et son imposant Convento de Cristo, siège portugais des Templiers, où s'entremêlent
des styles architecturaux très différents.
Barragem de Póvoa.
Arrivée de
nuit au Barragem de Póvoa sous les courbettes déjantées des chênes-lièges
articulés par un vent tempêtueux. La pluie bat la tôle, le ballet commence. Le
lendemain matin, un froid glacial et un ciel bleu d'encre nous accueillent au
bord du lac. Ça sent la neige. Nous troquons jupettes et shorts contre polaires
et soft-shell.... et n'en continuons pas moins de grelotter.
Barragem de Póvoa.
Un superbe camp de base pour visiter les villages médiévaux environnants. Avec
en sus des balades sur les berges du lac, au crépuscule, à la recherche de la
loutre, qui nous laisse sur le sable empreintes et carcasses d'écrevisses
prometteuses... autant de vains messages codés.
Les écrevisses
sont à la fête le lendemain à l'aube, déambulant, mécaniques, dans les lits de
rivières, tandis que roupille la belle après avoir fait bombance.
Les villes médiévales.
Castello de
Vide et son château, le donjon dont l'écho fait vibrer l'imaginaire des filles
qui jouent à Raiponce, à Elsa et Anna. Son bourg médiéval pittoresque, éclatant
de blancheur, d'où semble s'écouler une vie simple mais sereine. La nature
environnante, vallonnée, luxuriante, qui nous offre de beaux points de vue sur
le village.
Marvaó l'inattaquable, village médiéval perché sur un piton rocheux, au chemin de ronde attrayant dans la lumière du matin, à seulement 10 kilomètres de la frontière espagnole. Chemin de ronde le bonnet vissé sur la tête, dans un froid vif.
L'après-midi, nous cherchons vainement des mégalithes le long de la frontière espagnole, autant de croix jetées sur une carte douteuse. Tant pis, les oliveraies sont belles, les chênes-lièges somptueux, charmeur, le ballet céleste des merles bleus et pies bleues. Le pique-nique est goûteux, le soleil doux après le bref intermède hivernal.
Lisbonne.
Un enchevêtrement
de venelles sombres, d'azulejos et de lierre grimpant les façades, de trams-way
vieux bois rouges et jaunes, de conversations animées au coin des bars, de
terrasses, de ruelles pavées abruptes....
Un fouillis de maisons colorées, jaunes, blanches roses et bleues, trapues ou effilées, rutilantes ou décadentes.
Un fouillis de maisons colorées, jaunes, blanches roses et bleues, trapues ou effilées, rutilantes ou décadentes.
Lisbonne qui
nous aura retenu plus longtemps que prévu bien malgré nous...
Notre vitre
avant a éclaté en sans doute plus de mille morceaux. Défoncée à coups de pavés sur
le parking du zoo. Ils auraient au moins pu forcer la même vitre que les précédents.
Rien de bien grave, si ce n'est les tracasseries habituelles, une vague de
froid qui souffle dans notre maison... et l'obligation de quitter notre jolie
jetée du bord du Tage, à Bélem, pour le camping de Lisbonne, dans l'attente de
la réparation.
Il va peut-être
falloir installer une alarme.... ou faire-semblant... ou ajouter un autocollant
"Rothweiler club" -ou en acheter un vrai!- ou encore décoller le CH.
Vive le
cambriolage! Comme tout ennui a son pendant positif, cette halte forcée nous a
permis de rencontrer au camping de Lisbonne Pascaline, François, et leurs
enfants Gilles et Inès, du même âge que Zoé et Loïse. Les enfants sont à la fête,
ils mangent, jouent et dorment parmi. Nous aussi, on est ravi de partager expériences
et repas.
Recrudescence
du temps quotidien consacré à l'école au camping de Lisbonne.... et la lessive
est faite!
Les filles
jubilent. Enfin, on est posé et on ne fait rien! On réalise qu'elles ont besoin
de pauses, que nos rythmes sont différents.
Cabo Espichel |
Péninsule de Troia et Rio Sado |
Un temps mitigé nous accompagne sur les routes du sud. Ciel noir d'encre fissuré ça et là, laissant suinter un soleil éclatant faisant vibrer le magnifique Parque Natural do Sudoeste Alentejana et la Costa Vicentina baignés de couleurs et ambiances euphorisantes.
Réveil à Porto Covo |
Vila Nova de Milfontes |
Les chênes-lièges
torturés laissent place aux mandariniers, orangers et citronniers.
Un coucher de
soleil de bout du monde nous accueille au fort de Sagresh, où nous nous posons
pour la nuit. Heureuse surprise: nous retrouvons Giovanni et Huguette, rencontrés
à Lisbonne et renouons avec la tradition de l'apéro social et pas seulement
familial!
Le Sud,
l'Algarve, ce sont non seulement les célèbres falaises et et les somptueuses
criques, mais également la foule. Après des semaines de voyage en solitaire ou
quasi, on retrouve des aires gorgées de camping-caristes qui passent l'hiver au
chaud. Parfois, nous fuions ce flux, bivouaquant entre
criques et marais ou au bord d'un canal, avec vue sur la ville illuminée. Avec
des épisodes nocturnes pour le moins glauques comme cette mise à mort du chat
que nous avions nourri la veille, par une bande de chiens sauvages. Mais la
foule nous apporte aussi des avantages: des nuits en toute sécurité. Plus
besoin de chercher l'endroit adéquat, ni trop fréquenté, ni trop isolé, plus
besoin de ne dormir que d'une oreille.
Sagres.
Le soleil brille à nouveau sur ce gros village situé à l'extrême ouest de l'Europe. les ruelles sont étonnamment désertes, seuls quelques ex-soixante-huitards installés dans leur solitude traînent dans les cafés. La foule se concentre sur le bords des falaises du Fort de Sagresh et du Cap Saint-Vincent.
Salema |
Lagos |
Le soleil brille à nouveau sur ce gros village situé à l'extrême ouest de l'Europe. les ruelles sont étonnamment désertes, seuls quelques ex-soixante-huitards installés dans leur solitude traînent dans les cafés. La foule se concentre sur le bords des falaises du Fort de Sagresh et du Cap Saint-Vincent.
Les balades le long des falaises sont impressionnantes et parfois périlleuses, les bords étant fragilisés par l'érosion. Les pêcheurs téméraires, en équilibre sur une pierre, cent mètres de vide et de vertige sous les pieds, nous impressionnent.
Cabo de Sào Vicente |
Au Cap
St-Vincent, nous retrouvons Gilles, Inès, Pascaline et François. Une semaine
d'apéros, de repas, d'échanges, de jeux pour les enfants, entre pluies et éclaircies.
Une semaine de rires ponctués de quelques balades et visites.
L'ouest de
l'Algarve, authentique et sauvage, aux villages de pêcheurs encore épargnés par
le sur-bétonnage de la côte laissent place peu à peu à une enfilade de stations
balnéaires.
Salema |
Pointe de la Pièté |
Petite
incursion à l'intérieur des terres, à Silves, jolie bourgade aux influences
maures, qui s'offre une deuxième vie pour ne pas dire jeunesse en hiver grâce à
la centaine de camping-caristes retraités répartis dans les parkings de la ville...
Il est déjà temps
de prendre congé des Belges. Il nous faut poursuivre la route, une surprise
nous attend à Faro, une autre à Cadiz. Les filles sont tristes. Mais qui sait?
Peut-être que nos chemins se croiseront à nouveau sur les routes de l'Europe de
l'Est? Pour l'heure, nous mettons le cap
sur l'Espagne, puis l'Italie, tandis qu'ils se dirigent vers la Sierra Nevada avant de filer au Maroc pour passer l'hiver.
Cap sur Faro,
au travers d'une campagne luxuriante piquée d'amandiers, d'orangers, de
mandariniers et de citronniers.
Le Ria Formosa
et ses marais salants nous hâppe le temps d'une balade ornithologique, les uns
cochant les raretés tandis que les autres fouillent taillis et arbustes à la
recherche du caméléon européen. En vain...
Les avions rasent les eaux saumâtres du Ria. Chic! C'est pour demain!
Les avions rasent les eaux saumâtres du Ria. Chic! C'est pour demain!
Almancil |
"Carte postale" |
Demain est là,
arrive avec le TAP de 16h10 Jean-Paul Frutig ou grand-papa, nous frôlant quasi à
l'atterrissage alors que nous le guettons sur une butte jouxtant la piste.
Il débarque le
sac plein de gentils messages, bricolés, écrits ou cuisinés, de cénovis et de
soleil. Du vrai, cette fois-ci! Pas seulement celui du cœur!
Les filles
sont ravies de retrouver leur grand-papa et, avec lui, des bribes de Crissier.
Elles se l'accaparent, entre balades ornithologiques dans le Ria Formosa-Est
(toujours pas de caméléon!), baignades du genre dernière du mois mais pas de
l'année dans les eaux revigorantes de l'Océan, marchés
de fruits et de légumes, marchés de poissons le nez pincé, flâneries dans les villages aux influences maures, apéros et
repas tardifs dans la chaleur toute relative de Caracol.
Olhào |
moulin à marées |
Ria Formosa, Fuzeta |
Spatule blanche |
Aigrette garzette |
Baignade à la Praia de Manta Rota |
Un dernier apéro
avec Huguette et Giovanni que nous croisons à nouveau par le plus grand des
hasards, à Castro Marim, à un jet de pierre de la frontière espagnole.
Une dernière
balade dans les ruines du château, une vue splendide sur les marais
environnants et le malheureux Pont d'Espagne qui nous obligera tantôt à quitter
le Portugal, un dernier clin d'œil à ce dédale de ruelles brodées de maisons
blanchies à la chaux....
Et il est déjà
l'heure de basculer de l'autre côté de la frontière, nostalgiques, laissant
derrière nous une langue aux accents romanches charmeurs, des gens simples et
chaleureux, un pays encore solidement ancré dans ses traditions et ses terres -bien que bordé d'océan.
Des paysages variés et sauvages, entre terre et mer.
Des villes toutes de faïences, des monuments vibrants d'Azulejos, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Un pays en devenir, au passé d'une richesse extraordinaire.
Des paysages variés et sauvages, entre terre et mer.
Des villes toutes de faïences, des monuments vibrants d'Azulejos, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Un pays en devenir, au passé d'une richesse extraordinaire.
Avec leur copine Nelly |
Castro Marim |
Difficile de
quitter le Portugal. On aurait pu y rester encore des mois. Mais on a nos
garde-fous. Que nos flâneries en Europe ne se limitent pas à l'Ouest. Un
rendez-vous le 15 décembre à Barcelone, un autre autour du 20 dans les
Pouilles, en Italie.
Nos derniers rendez-vous posés. Après, on verra bien où nous mènera le voyage...
Nos derniers rendez-vous posés. Après, on verra bien où nous mènera le voyage...
Les passages
en Espagne ne nous réussissent pas. L'arrivée à Cadix est aussi tourmentée que
notre entrée à Sans Sebastiàn il y a deux mois. Une déviation inopinée nous
envoie valser dans le dédale des ruelles pavées de la vieille ville. Venelles étroites,
virages à angles droits... Les klaxons fusent, les andalous crient après ces crétins
de touristes qui pénètrent la cité avec leur engin grotesque, puis fustigent
celui qui nous vient en aide pour finir par s'engueuler parmi car il faut aller
à droite, mais non c'est à gauche, mais bien sûr que non, c'est tout droit. Et
on s'énerve, et on se vexe, et on élève la voix, on parle avec les mains, dans une ambiance très théâtrale.
Jusqu'à ce que nous disparaissions au coin de la rue, derrière notre guide inespéré,
tandis que les badauds finissent de se crier dessus. Le tout avec pour toile de
fond une bonne drache -pluie belge, c'est dire!, un tonnerre tonitruant et des éclairs aveuglants.
Épuisés, nous
nous attablons enfin à 22 heures devant un tendre steak portugais, houspillés
par la tourmente qui ne nous lâchera plus de la nuit. Bien malgré nous, nous reprenons subito pronto le rythme espagnol, qui nous allait si bien au
nord....
Les filles
sont à la fête. Elles passent non seulement quelques jours heureux avec
grand-papa Jean-Paul, mais elles retrouvent également sur les quais de Cadiz,
devant leur monstre marin, grand-maman Caroline et grand-papa Franz. En route
pour le Brésil, ils font escale dans la plus vieille ville de l'Occident. Une belle
journée de retrouvailles, entre brèves éclaircies et pluies diluviennes, secoués
parfois par des vents de plus de 180 km/heure. Au crépuscule, petits yeux humides et parfum de nostalgie pour
les filles qui les voient repartir déjà. Et avec eux tous les précieux moments partagés dans leur jardin, en montagne et au bord du lac Léman.
Heureusement,
elles gardent encore grand-papa Jean-Paul quelques jours dans leur maison. Il
se plie en quatre pour entrer dans la couchette, se fait battre à plate couture au bataflash, leur fait l'école pendant
les trajets, les initiant à l'économie avec tu te rends compte maman ce sont
des vrais euros! Le soleil qu'il avait emmené dans ses bagages est déjà épuisé. Jean-Paul nous accompagne encore deux jours dans le froid et la grisaille sur les routes de
l'Andalousie, en Espagne, à travers la Sierra jusqu'à la magnifique ville de
Ronda. C'est à Antequerra, après une invitation à un repas de rois à "La
Reina", qu'il embarque pour Malaga, où l'attend son avion pour la Suisse.
Caracol et la
vie à bord.
Caracol, va
bien, malgré ses bobos passagers. On a toujours autant de plaisir à vivre dans
cette maison mobile, plus souvent dehors que dedans.
Au sud du
Portugal, très fréquenté en hiver par les retraités en mal de soleil, se recréent
sur les aires des mini-sociétés, regroupées en communautés linguistiques.
Nous-mêmes nous prêtons avec plaisir au jeu de l'apéro, claquant notre porte
pour nous en aller flirter chez les voisins avec une bouteille de Porto. Moins romantiques qu'une plage de sable au soleil couchant, ces aires ont au moins le mérite de nous offrir des nuits en toute sécurité,
en plus d'être gratuites.
Le gros
avantage du camping-car est incontestablement l'autonomie qu'il nous
procure.... et la possibilité de voyager petit budget grâce au logement la plupart du temps gratuit. Le revers de la médaille:
enfermés dans notre carapace de tôle, les rencontres avec les gens d'ici sont
moins faciles et moins spontanées qu'à vélo. Nostalgie... C'est qu'on est trop autonome,
dans notre Caracol! Et avec ça, on traîne encore une image bidochonne sculptée par des décennies de camping-caristes, pour le meilleur et pour le pire. Mais les rencontres sont belles aussi, faites d'une kyrielle de
petits moments, au détour des chemins, dans un bar, dans le métro. Les uns
partageant avec nous leur expérience Suisse, la décision de leur retour au pays
avec des enfants pré-ado, les autres nous faisant cours d'histoire, des grandes
découvertes au Portugal d'aujourd'hui, durant la demi-heure de trajet de métro. Ou
partageant avec nous leur soif d'une vie différente plus paisible, et leur
projet de tout abandonner et de se retirer dans une communauté dans les
serras portugaises: vivre en autarcie,
assumer la scolarisation des enfants et se détacher de tout confort et toute
technologie.
Des gens
chaleureux. Des histoires de vie...
Dans les
divers...
Beau, splendide, merveilleux, magnifique, pittoresque, éblouissant, éclatant... nous arrivons gentiment à court de synonymes.
Zoé s'est découvert
une passion subite pour le poivron qui rougit devant ses ardeurs.
L'école suit
son chemin et nous le nôtre...
À force d'écrire
sur le dos, le ventre et le plafond de la capucine, en attendant que les
marmottes émergent le matin, Loïse a décroché la lecture.
On mesure le temps qui passe aux ongles qui grandissent et aux racines qui poussent gris.
On mesure le temps qui passe aux ongles qui grandissent et aux racines qui poussent gris.
Notre
casserole antique fonctionne à merveille. Gâteaux, pain, tresse et même de succulentes
lasagnes maison. Quelle fête!
Malgré ses traits lamentables et affaissés, la pizza Caracol au petit épautre était quand-même une réussite!
Malgré ses traits lamentables et affaissés, la pizza Caracol au petit épautre était quand-même une réussite!
Notre premier
contact avec le Portugal s'est fait au rayon pâtisseries du marché de Barcelos.
Nous passons la frontière la bouche pleine... de douceurs. Ce doit être le pays
qui compte le plus de boulangeries-pâtisseries au mètre-carré par habitant.
Le prix des pâtisseries
et du pain (par ailleurs délicieux et très varié) ne nous incite guère au régime.
Quelques chiffres. Avec 1 euro, on prend le petit déjeuner à quatre, avec 2, on peut garnir généreusement la table de pain et de ballons divers. Un café coûte entre 30 et 50 centimes d'euros. Une pâtisserie entre 20 et 60. Un dîner dans un resto populaire, entrée, repas, dessert vin et café compris coûte entre 6 et 8 euros.
Le soleil a continué à briller jusqu'au 8 novembre, les rares pluies s'épanchant la nuit. Un sans-faute. Ou presque. La pluie s'est pointée avec le froid en même temps que nous avons perdu notre fenêtre... et notre natel par la même occasion, avec tous les numéros bien sûr. Désolés donc pour les messages passés et futurs sans réponse.
Alors que l'Algarve était une valeur sûre question météo, nous avons été plus souvent inondés que baignés de soleil.
Quelques chiffres. Avec 1 euro, on prend le petit déjeuner à quatre, avec 2, on peut garnir généreusement la table de pain et de ballons divers. Un café coûte entre 30 et 50 centimes d'euros. Une pâtisserie entre 20 et 60. Un dîner dans un resto populaire, entrée, repas, dessert vin et café compris coûte entre 6 et 8 euros.
Le soleil a continué à briller jusqu'au 8 novembre, les rares pluies s'épanchant la nuit. Un sans-faute. Ou presque. La pluie s'est pointée avec le froid en même temps que nous avons perdu notre fenêtre... et notre natel par la même occasion, avec tous les numéros bien sûr. Désolés donc pour les messages passés et futurs sans réponse.
Alors que l'Algarve était une valeur sûre question météo, nous avons été plus souvent inondés que baignés de soleil.
A force de
vivre dehors, par tous les temps, les microbes s'épuisent. Plus de brassages, plus de rhumes, ni de bronchites, d'angines ou de gastro. Mais les
vers sont sans doute à la fête....
Et le temps
file.... On a beau en avoir à profusion, on se surprend encore à dire
"quand on aura le temps....", ou "si on avait le temps...".
On n'en a donc jamais assez.
Mais au moins, il est malléable, souple, vide... et à la fois
tellement plein. Vide de contraintes, plein de tout.
Et quoi de
plus jubilatoire que de voir s'afficher sur l'écran de la tablette, jour après
jour.
"Vous
n'avez rien de prévu pour demain"...